
« Le Sauveur » : Quand le miracle d'une famille pèse sur le malheur des autres
Le genre horrifique occulte est notoirement difficile à maîtriser : trop explicite, il perd son mystère ; trop ambigu, il aliène le spectateur. Le film « Le Sauveur » (Guwonja) penche vers cette dernière catégorie, offrant une expérience qui stimule la réflexion mais peut laisser perplexe.
Le récit suit Yeong-beom (Kim Byung-chul) et Seon-hee (Song Ji-hyo), un couple qui emménage dans le village d'Obok-ri, censé être un lieu de bénédictions. Leur vie bascule lorsqu'une série de miracles se produit, mais ils découvrent bientôt que ces prodiges ont un coût : le malheur d'autrui.
Avant ces événements, la famille traversait une période difficile. Leur fils, Jong-hoon (Jin Yoo-chan), est devenu paraplégique suite à un accident, et Seon-hee a perdu une grande partie de sa vision. Malgré ces épreuves, ils aspirent à une nouvelle vie à Obok-ri.
Le tournant survient lorsqu'une nuit, Yeong-beom renverse accidentellement un vieil homme mystérieux (Kim Seol-jin) avec sa voiture. Par pitié, il l'héberge chez lui. À partir de cet instant, des événements miraculeux se produisent : leur fils retrouve l'usage de ses jambes et la vue de Seon-hee est restaurée. L'espoir renaît au sein de la famille.
Cependant, tandis que la famille savoure ses nouveaux dons, une voisine, Chun-seo (Kim Hee-ra), est frappée par une série de malheurs. Confrontée à la vérité – leur bonheur est construit sur la souffrance d'une autre – la famille se déchire sur la décision de conserver ou de rendre ces miracles.
Le message central du « Sauveur » est simple mais puissant : accepteriez-vous un miracle si vous saviez qu'il causait le malheur de quelqu'un d'autre ? Le film pose cette question éthique fondamentale.
Néanmoins, la narration souffre de certaines lacunes. L'identité du vieil homme reste obscure, et bien que cela puisse servir l'ambiguïté du genre, cela peut aussi frustrer le spectateur. Les performances des acteurs sont, en revanche, remarquables. Kim Byung-chul livre une interprétation convaincante d'un père tourmenté dans son premier rôle occulte. Song Ji-hyo dépeint avec justesse une gamme d'émotions, passant de la détresse à une foi presque fanatique. Le charme de Kim Hee-ra est particulièrement captivant, ses yeux clairs ajoutant une touche de mystère et sa performance dans le rôle de Chun-seo transmettant une profonde tristesse. Sa confiance affirmant qu'elle convient au genre occulte semble donc justifiée.
« Le Sauveur » est un film qui invite à la réflexion, offrant davantage de pistes d'interprétation que de sensations horrifiques directes.
Les internautes coréens ont salué la nature du film qui pousse à la réflexion, mais certains ont déploré un rythme narratif lent et un manque de clarté. "C'est un film qui fait réfléchir, mais le rythme est un peu lent", a commenté un internaute. D'autres ont loué la performance des acteurs, notamment Kim Byung-chul et Kim Hee-ra.