
Film "Il n'y a pas le choix" : Le coup de maître noir et satirique de Park Chan-wook
Le nouveau film de Park Chan-wook, "Il n'y a pas le choix" (titre original : "어쩔수가없다"), a été projeté en avant-première comme film d'ouverture du 30e Festival international du film de Busan. Cette œuvre, une comédie noire percutante, dépeint de manière poignante et humoristique les luttes d'un travailleur face à un système social implacable.
Le film suit Mansu, interprété par Lee Byung-hun, un employé de longue date d'une papeterie qui se retrouve soudainement licencié après 25 ans de service. Confronté à la nécessité de retrouver un emploi rapidement pour subvenir aux besoins de sa femme Mi-ri (Son Ye-jin), ses deux enfants et leurs deux chiens, il se lance dans une bataille acharnée pour sa réembauche. L'histoire est une adaptation du roman "The Ax" de Donald E. Westlake.
Face à un marché du travail saturé et peu d'opportunités, Mansu crée une société fictive dans le but d'éliminer ses principaux concurrents. Parmi les candidats finaux figurent Gu Beom-mo (Lee Sung-min), Ko Si-jo (Cha Seung-won) et Choi Seon-chul (Park Hee-soon). La question centrale du récit est de savoir si Mansu parviendra à les "écarter" pour assurer sa propre réintégration professionnelle.
La patte caractéristique de Park Chan-wook transparaît dans le mélange subtil d'humour noir et de tragédie. La situation de Mansu, d'abord un homme licencié du jour au lendemain, n'a rien de comique en soi. Cependant, sa manière de lutter contre cette adversité, empreinte d'amertume et d'absurdité, provoque à la fois le rire et la compassion.
Une scène particulièrement mémorable est celle où Mansu observe de loin une fête dansante organisée par Mi-ri et Jin-ho (Yoo Yeon-seok). La solitude dans son regard, sous les projecteurs éblouissants, contraste vivement avec l'animation de la fête. Sa tentative maladroite de les rejoindre en imitant leurs pas de danse est à la fois touchante et hilarante.
De même, la scène où Mansu pointe une arme sur Beom-mo, avec la chanson "Red Dragonfly" de Cho Yong-pil en fond sonore, illustre parfaitement ce mélange. Leur dialogue tendu, ponctué de cris, se solde par un échec, d'autant plus comique que la femme de Beom-mo, Ara (Yum Hye-ran), se joint à la conversation dans un échange qui rappelle les échanges confus de "Sajo" (un personnage de conte pour enfants connu pour ses malentendus).
Malgré ses qualités, le film peut parfois sembler surchargé. La richesse des éléments visuels et sonores, ainsi que la densité du message, risquent de diluer l'impact émotionnel de l'histoire centrale de Mansu. La décision du titre, "Il n'y a pas le choix", suggère que les actions de Mansu sont inévitables, mais le spectateur peut s'interroger sur la véritable absence de choix face à ses actes, qui manquent parfois de clarté et de cohérence.
Cependant, la performance d'acteur de Lee Byung-hun est indéniablement un point fort. Il donne vie à la folie de Mansu avec une énergie remarquable, naviguant avec aisance entre des émotions extrêmes, suscitant à la fois le rire et les larmes chez le public.
Lee Sung-min se distingue également par son rôle marquant, capturant la frustration de Beom-mo avec une intensité qui retient le souffle. La dynamique entre lui et Yum Hye-ran en tant que couple présente une beauté étrange, mêlant la vulgarité et le charme. Son Ye-jin, dans le rôle de Mi-ri, apporte une présence énigmatique qui invite à la suspicion, enrichissant le film malgré son temps d'écran limité.
Lee Byung-hun, acteur principal, est une star internationale reconnue pour ses rôles dans des films hollywoodiens tels que la franchise "G.I. Joe" et "Terminator Genisys". Sa polyvalence lui a valu de nombreux prix en Corée du Sud et à l'étranger. Il est connu pour sa capacité à incarner des personnages complexes et physiquement exigeants.